Jivan Hudsav Talbot, une vie au service de la santé
Jivan Hudsav pratique la méditation et travaille à affiner ses perceptions sensorielles et intuitives depuis l’âge de seize ans. Sa passion pour l’Ayurveda l’a amené à parcourir l’Inde ainsi que plusieurs autres pays depuis 2006. Sa rencontre avec des docteurs ayurvédiques réputés dont le docteur Avilash Lile, le docteur Vasant Lad et le docteur Okmar Kulkarni furent pour lui des occasions de parfaire ses connaissances et de bénéficier d’un enseignement avancé autant en clinique que sur le terrain. Il nous présente ici son parcours, ses inspirations, et nous présente sa pratique de l’Ayurveda qui l’anime et le passionne.
D. G : - Comment êtes-vous entré en contact avec l’Ayurveda ?
Jivan Hudsav Talbot : - J’ai plongé dans l’univers de l’Ayurveda autour de 2007, où j’ai commencé à faire des voyages en Inde, j’ai aujourd’hui un temple ayurvédique et une école mais je suis dans le milieu du yoga depuis une vingtaine d’années et j’ai toujours été dans la conscience du bien-être. J’ai eu un contact avec la méditation quand j’avais 16 ans, ma mère et moi étions allés à un atelier de méditation qui m’a amené à vouloir me sentir toujours comme ça. Quand je suis parti pour Montréal, j’ai fait de la coiffure parce que l’école me donnait la chance d’étudier, mais dans un souci de bien-être, j’ai rapidement cherché un endroit où je pourrais aller méditer et en apprendre davantage. J’ai rencontré Mme Boisvert qui était médium, qui canalisait, j’ai suivi pendant 3 ans des conventions avec elle pour approfondir ça, recevoir les énergies. Tout en continuant, je me suis intéressé à la relation d’aide, j’ai fait quelques formations, des stages en chamanisme, et quand j’ai entendu parler de l’Ayurveda, j’ai vu que c’est une approche holistique où on doit se responsabiliser de notre santé, ça touche à tous les aspects de notre vie et ça ressemble plus à ce que j’ai envie d’offrir aux gens : les éduquer à entrer en contact avec eux-mêmes et prendre soin de leur santé.
Au départ, quand j’ai commencé ici à Montréal, il y avait des petits projets pour approfondir l’Ayurveda mais c’était encore trop en surface pour moi. J’ai donc décidé de partir en Inde, mais mon anglais n’était pas parfait donc j’ai appris l’anglais et l’Ayurveda en même temps. Au Kerala , j’ai étudié un peu avec des médecins ayurvédiques, puis j’ai appris des soins dans une clinique et ça a été ma piqure à l’Ayurveda. Lors de ce voyage, j’ai eu cette révélation, un maitre spirituel est arrivé dans ma vie. Les maîtres ayurvédiques de son ashram m’ont vraiment guidé vers une meilleure place pour étudier ; l’année d’après, je suis allé à Puna à l’International Academy of Avuryeda où j’ai rencontré mon mentor avec qui on continue à se voir sur Facebook et à sa clinique pour approfondir mes connaissances.
Pouvez-vous nous parler de ces personnes qui ont influencé votre chemin spirituel ?
- Lors de mon premier voyage en Inde, quand j’avais demandé à un maître de yoga de rencontrer un certain gourou, il m’avait conseillé de patienter, mais à peine plus tard, des amis m’ont suggéré d’aller voir Ama qui offre un contact physique à toutes les personnes qu’elle rencontre. Ça a été une rencontre déterminante, et depuis ce temps-là, elle m’a invité, je contribue à l’occasion à ses tournées mondiales où je fais des traductions. Ama m’inspire beaucoup au niveau de la générosité et sa façon d’embrasser le monde. Avant de la rencontrer, un contact spirituel avec la philosophie de Bhagouan Shree Rajneesh qui est Osho, il y a environ 25 ans, m’avait plongé dans cette approche, mais j’avais alors envie de faire mon cheminement par moi-même avec des gens qui ont la même vision que moi.
Et c’est au contact d’Ama que j’ai eu des révélations, donc je suis dans le groupe de ses bénévoles, je donne de mon temps auprès d’elle, je la supporte avec mon temple et mon académie, plus personnellement au niveau spirituel.
En parlant de gens qui m’inspirent, quand j’étudiais dans une académie en Inde, un de mes professeurs s’est démarqué par un contact précieux. Il a beaucoup de connaissances mais il s’est développé une vraie complicité avec Okmar Kulkarni et sa femme Shival, et pour moi, quand le cœur s’ouvre, ça s’installe mieux dans les cellules. C’est ma façon à moi de bien apprendre. Malgré nos obstacles, je pense qu’il ne faut pas laisser notre bagage freiner nos envies. J’ai la chance avec Okmar de pouvoir échanger et de faire de la clinique avec lui : je l’ai rencontré dans le cadre de l’académie internationale, je suis son seul élève à présent alors je me sens privilégié de pouvoir évoluer avec lui ; en clinique on n’apprend pas que la théorie, on reçoit des patients, c’est vraiment enrichissant.
Le docteur Okmar Kulkarni étant reconnu en Inde comme médecin dans son pays, qu'en est-il en Occident?
Je ne pense pas pouvoir obtenir une reconnaissance comme la sienne, son parcours universitaire et sa notoriété font qu’aujourd’hui il est demandé par des industries de produits médicaux ayurvédiques, qui créent de nouvelles formules pour différentes pathologies. Il est vraiment très reconnu. Alors que ceux qui vont étudier la médecine en Inde ne vont pas nécessairement pouvoir la pratiquer au Canada parce que les équivalences ne sont pas les mêmes. En plus, l’Ayurveda n’est pas une approche reconnue ici, où la médecine allopathique est le chef de file. Même la médecine chinoise installée depuis longtemps n’a pas une reconnaissance complète. Il y en a plus au niveau de la naturopathie, une approche naturelle de soin de la santé. Mais je dirais en toute humilité que l’Ayurveda est un outil exceptionnel pour compléter la naturopathie. Pour ramener l’équilibre, il y a plusieurs manières de procéder : par une approche spirituelle ou par l’alimentation, des suppléments alimentaires comme des plantes, des tisanes, ou encore par le style de vie parce que les déséquilibres peuvent être créés par notre environnement physique, de travail ou relationnel… Tout ce qui nous entoure a un impact sur nous. Je suis sûr que l’Ayurveda va bientôt être une approche naturelle mondiale parce que c’est tellement accessible, c’est aussi simple que de boire quand on a soif. Par exemple si quelqu’un a des brulures d’estomac, c’est qu’il y a trop de feu dans le système, donc il faut amener des aliments, un style de vie ou des émotions à être moins brulantes. C’est d’une logique incroyable qu’il faut quand même apprendre parce qu’ici en Occident, on a une façon de réfléchir qui n’est pas celle des Rishis.
Comment s’inscrit le yoga, dans tout ça ?
- Le yoga s’inscrit comme étant l’approche physique et spirituelle de ramener l’équilibre : par le corps avec des postures asana, par le mental, la conscience dans l’espace du rite méditatif, par des pranayama pour contrôler la respiration.
On va proposer à Vâta de la méditation, dans une lenteur, pour se centrer, se canaliser. On va amener plutôt Pitta à faire des exercices de respiration : lui qui fait des projets, l’air va rafraichir le système, le pranayama va le pacifier. Le yoga, la pratique d’asana plus physique, est plutôt pour Kappa, pour l’amener à bouger davantage, lui qui est dans l’inertie. Ces trois volets du yoga sont bons pour chaque Dosha, on va les aborder de façon adaptée à chacun.
D’après moi, le yoga reste un outil, il ne faut pas oublier d’aspects importants parce qu’une pratique yogi ne peut pas faire abstraction de l’Ayurveda : sans l’approche d’équilibre global qui va des émotions, de l’environnement physique, mental, spirituel etc. ça devient un exercice physique aussi banal que de faire des étirements.
Parlons de l’importance de l’alimentation, souvent on associe l’Ayurveda avec une saine alimentation, est-ce exact ?
- Oui. Mais il n’y a pas de dogme ou d’alimentation à adopter quand on fait de l’Ayurveda, il s’agit d’identifier qui on est et quel est notre besoin. Souvent, les gens essaient la nouvelle mode d’alimentation, cétogène, vegan, végétarienne ou paléo sans savoir ce qu’il en est. Il faut comprendre que si on se sent lourd alors qu’on mange du fromage à tous les repas avec de la friture c’est clair qu’on va continuer à s’alourdir. Les principes alimentaires de l’Ayurveda sont très simples : chaque aliment a des éléments, on peut modifier nos choix. Par exemple si on est très acide avec des reflux gastriques et des inflammations, on va s’éloigner pour un moment des aliments acides, des tomates, du vinaigre, et adopter une alimentation à l’opposé, plus amère, manger plus frais pour ne pas déclencher d’excès, parce que l’acide du système vient de notre Dosha Pitta qui a la qualité du feu, donc l’acidité. Mais ce n’est pas dogmatique, on ne doit rien éliminer de notre alimentation, ne pas refuser ce que la vie nous a donné comme cadeau car elle nous offre des opportunités de plaisir, de créer des déséquilibres et de recréer l’équilibre, de jouer avec ce cadeau.
Vous n’avez pas une crainte que les autorités gouvernementales, à un moment donné, s’en prennent à ce que vous faites ?
[+]Avec votre mission de vie, votre Dharma d’aider les autres, vous avez remarqué le besoin de former d’autres consultants en Ayurveda. Vous avez donc démarré l’Académie Québécoise d’Ayurveda : comment fonctionne une formation complète?
- J’ai créé l’Académie Québécoise d’Ayurveda parce que j’étais obligé de partir en Inde pour pouvoir me former sur l’Ayurveda, et comme je n’étais pas parfaitement bilingue au départ, j’aurais aimé avoir une accessibilité ici, au Québec, donc je me suis bien entouré pour créer des formations avec mes associés dès la première année de l’espace Ayurveda. J’avais toutefois envie de donner l’accès à une formation substantielle pour éventuellement avoir une reconnaissance, donc je me suis mis au standard de leurs exigences, on a créé des cours en conformité pour assurer une formation solide. Dans nos parcours, les introductions restent les mêmes pour ouvrir les portes sur les principes de base, les soins, l’alimentation, la pratique du yoga ayurvédique, la maternité, ce sont des cours accessibles au grand public. Par la suite, les gens peuvent évoluer dans un processus plus professionnel s’ils en ont l’envie, dans différentes branches pour être consultant ayurvédique ou praticien thérapeute en Ayurveda, pour tous les différents soins en alimentation, en yoga.
On a créé un titre de naturopathe herboriste ayurvédique en collaboration avec une école d’herboristerie, l’Herbothèque : ils s’occupent du volet naturopathie et nous de l’approche ayurvédique. Ce titre-là est reconnu par les associations. Mais on peut aussi ajouter des thérapies plus ayurvédiques dans notre pratique de massothérapeute ou de nutritionniste si on veut avoir une nouvelle approche, on prend un peu de tous les principes qui ont fait leurs preuves. Selon le parcours souhaité, on peut faire cette formation à notre rythme, sur deux ans en condensé ou sur 4 à 5 ans, avec les cours qui se répètent chaque année.
Vous pouvez obtenir des informations additionnelles sur le site web espaceayurveda.ca à propos de tous nos curriculums, formations et collaborations. Les inscriptions y sont disponibles, c’est très facile de nous rejoindre. On a commencé à traduire autant le site internet que nos cours de base en anglais. Pour ce qui est des thérapies manuelles, tous les enseignants ici sont bilingues. On ouvre ces portes-là également.
Comment êtes-vous devenu consultant pour un institut en Martinique ? Parlez-nous de vos voyages pour aider la communauté francophone, il y a 55 pays francophones dans le monde entier, qui veulent justement vivre une expérience immersive.
- Je suis allé quelques fois en France où l’Ayurveda est quand même présent, beaucoup de clientèle nous vient de France pour des soins ou faire des cures ici au centre. Un monsieur qui a connu l’Ayurveda en Inde a décidé d’ouvrir un centre ayurvédique en Martinique pour avoir une formation en français « clé en main ». C’est en France qu’ils l’ont encouragé à venir voir l’Académie Québécoise d’Ayurveda. Donc on les a rencontrés et dernièrement on est allés en Martinique rencontrer l’architecte, faire tout le plan d’action pour monter un centre ayurvédique là-bas, où on va former autant les consultants, les thérapeutes manuels, les gens à l’accueil, que les cuisiniers dans leur restaurant pour que les curistes puissent aussi avoir un support alimentaire qui va respecter leur cure. Ce projet est lancé. Je suis hyper ouvert à supporter les gens qui ont envie d’implanter ça ailleurs : on a l’académie à Montréal, certains de nos anciens élèves avancés s’implantent un peu partout et vont maintenant donner des formations à Québec, en Abitibi, en Estrie, on avance au Québec mais je voudrais supporter les gens dans la francophonie partout.
Dans le futur, qu’est-ce qu’espace Ayurveda aura accompli, pour la santé de notre planète ?
- Je voudrais donner davantage d’accessibilité à cette belle approche parce qu’on prend soin de notre être au complet par l’Ayurveda. On a un autre centre de retraite à la campagne où les gens peuvent venir prendre soin d’eux, donc dans quelques années j’aimerais offrir plus d’accessibilité à ce centre, développer davantage en région ici au Québec et supporter les gens à l’international parce que j’aime beaucoup voyager. Tous les êtres humains ont leur couleur donc diffuser cette approche c’est aussi un challenge parce que la pratique de l’Ayurveda sera complètement différente au Canada, en Inde ou ailleurs.
Pour résumer, grâce à la super équipe qui travaille avec moi, des gens passionnés, engagés, avec qui on développe des partenariats à l’extérieur, je suis choyé et j’ai encore envie de créer d’autres alliances pour pouvoir rayonner davantage dans une conscience de la santé.
L’espace Ayurveda, avec ses formations de base ou avancée pour devenir technicien, thérapeute, expert, consultant en Ayurveda va diffuser cette approche chez plusieurs autres centaines d’individus. S’il y avait un souhait à formuler ?
- Merci Daniel de m’avoir invité à partager cette belle approche, ma passion, j’ai beaucoup apprécié. Si j’ai un souhait, c’est qu’on puisse rentrer en contact avec soi, donc qui que vous soyez, je vous invite à vous asseoir quelques instants dans un endroit confortable, fermer les yeux et pour un instant juste avec soi-même, sentir qu’on est assis sur notre chaise ou sur notre coussin, et prendre contact avec le cadeau que la vie nous a donné, ce n’est pas toujours le cadeau qu’on voudrait mais un cadeau quand même donc je remercie la vie pour ce cadeau. Je vais l’accueillir. Quel est mon besoin pour arriver à ce que j’ai envie d’être ? Est-ce que j’ai besoin de force, de courage, de me nourrir, de moins me nourrir, de mieux m’entourer, de remercier les gens qui m’entourent, de me remercier moi-même ? Donc accueillez le beau cadeau de la vie prenez-en soin, c’est la seule que vous avez, votre vie. Merci d’avoir été là.