Renaître de ses cendres

Centrekaiv Jeudi novembre 3, 2022
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Renaître de ses cendres

par

Chantal Turgeon

Le mot Yoga évoque en moi une grande transformation, un chemin vers la paix, la liberté intérieure. Comme j’ai souvent entendu à propos de l’origine du mot yoga, de sa racine Yuj qui veut dire réunir, lier, unir le corps, le mental, les émotions, l’environnement. Plus je cheminais dans cette voie et plus j’avais l’impression que tout ce que j’avais à découvrir était là enfoui sous des couches et des couches d’illusions que j’entretenais à mon sujet, au sujet des autres, au sujet de la réalité.

Dans le Yoga sutra II-2 et II-3 de Patanjali, il est écrit :

« Yogashchittavrittinirodhah: Le yoga est l’arrêt de l’activité automatique du mental »

« Tada drashtuh svarupé avasthanam : Alors se révèle notre centre établi en lui-même »

Je sentais que ce que j’avais à faire était de laisser tomber ces illusions de séparation pour laisser ma nature véritable émerger d’elle-même.

J’ai alors fait une rencontre qui a bouleversé et transformer ma vision même du Yoga, de mon chemin. Lors d’une rencontre amicale, Jean Bouchard d’Orval, écrivain et scientifique m’a fait part d’une autre explication au mot Yuj qui m’a transporté dans une compréhension encore plus profonde de mon voyage au cœur de ma vérité la plus profonde.

Le yoga dont nous entretient Patañjali se réfère à la tranquillité absolue, c’est-à-dire le samādhi. Il n’est pas question d’une quelconque «union», même si c’est le sens le plus courant du mot yoga dans la littérature sanskrite subséquente. Il se trouve que selon le fameux Dhātupāṭha de Pāṇini (le recueil des racines de la langue sanskrite) il n’y a pas une, mais trois racines yuj- et que le Yogasūtra se réfère à celle qui a le sens d’arrêt du mental, mise au repos, tranquillité.

Le Dhātupāṭha donne yuj-samādhau: yuj- au sens de samādhi. Pāṇini définit une autre racine yuj- (celle qu’on retrouve dans tous les dictionnaires) par yujiryoge: «uni comme dans yoga».

Article « les yogas sutras de Jean Bouchart D’orval

Pour la première fois, lors de cette rencontre, j’en entendais une toute autre définition. Le Yoga qui signifiait également Effondrement intérieur, effondrement de ce mouvement mental qui nous coupe de notre nature véritable, par le fait même effondrement de nos illusions crée par le mental. Effondrement, ce mot raisonnait en moi avec une vérité fracassante, il me suggérait d’observer mes chaînes, mes samskaras, de simplement les regarder. De m’installer en témoin. J’ai par bonheur pu en faire l’expérience par la suite.

Malgré tous mes efforts pour me libérer de mes chaines et connaitre la paix, je sentais que ma plus grosse blessure de vie, l’illusion sur laquelle toute ma vie était installée demeurait bien ancrée. Malgré tous mes efforts, lorsqu’une situation la réveillait, l’amour et la paix s’envolait pour ne revenir que plus tard.

Dans les yogasutras de Patanjali, II-1 : Tapah-svadhyaya-ishvarapranidhanani kriya-yogah : « le Yoga de l’action se pratique selon 3 modalités inséparables : un effort soutenu, la conscience intérieure de soi et l’abandon au Seigneur. »

J’ai donc décidé d’entrer dans une action soutenue d’observation de l’illusion sur laquelle ma vie entière était assise. Et j’ai observé dans un effort soutenu avec un abandon total à tout ce qui se présentait à moi, la souffrance, les pensées qui s’affolaient, j’ai observé pendant plusieurs mois. Comme un raz de marée, je sentais la douleur, les pensées et les évènements devenir de plus en plus grand, j’ai cru à un certain moment que la douleur finirait par me détruire complètement. J’ai senti que je m’abandonnais complètement à quelque chose de beaucoup plus grand que moi, à l’aube de mon observation, j’ai même senti que j’acceptais même de mourir pour être libre. Puis un matin à mon réveil, tout était devenu calme, l’impression de désert, de vide, d’écho silencieux laissé après un désastre. Alors j’ai accueilli ce vide, j’avais survécu à cet effondrement, à ce tsunami intérieur. Puis tranquillement, de ce vide, j’ai vu apparaitre des fleurs qui se frayaient un chemin sans effort. Comme un lac paisible nous laisse voir le diamant en son centre, maintenant je sentais que je pouvais pour la première fois, me déposer et laisser ma vraie nature émergée.

De mon action soutenue d’observation sur l’illusion de ma vie m’était apparue une réalité beaucoup plus paisible et profonde. Une réalité qui ne demandait pas d’effort pour être maintenu vivante, car cette réalité était la vie elle-même. J’ai réalisé à ce moment tout l’effort que j’avais du déferlé toutes ces années pour maintenir l’illusion et empêcher ma vraie nature d’émerger.

Je vous souhaite un magnifique voyage au cœur de votre nature véritable

Om Shanti

Chantal Turgeon, Yogacharya (Maïtri)


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