Les blocages et le chakra du coeur (version française)

vivekananda Vendredi septembre 3, 2021
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Les blocages et le chakra du cœur par Marshall Govindan Satchidananda

Avez-vous remarqué que votre mental a souvent tendance à retourner vers des mémoires ou des sentiments en particulier ? Ils peuvent être reliés à certaines personnes avec qui vous avez des problèmes non résolus. Ils peuvent être associés à des expériences très agréables de votre passé, qui concernent, par exemple, la nourriture, le sexe ou une victoire dans un sport de compétition. Ils peuvent aussi être reliés à des expériences difficiles que vous avez peur de répéter : être attaqué physiquement, un divorce, une situation embarrassante, le rejet des autres. Vous êtes-vous demandé pourquoi ?

Dans la littérature classique du yoga et du tantra, ceci est appelé vasanas ou tendances et dans les discussions modernes sur le « corps/esprit », nous les qualifions généralement de « blocages ». Au cours d’une seule et même journée, des milliers de choses sont expérimentées par l’un ou plusieurs des cinq sens. La plupart d’entre elles passent au travers de vous. Vous n’y pensez même pas. Par contre, certaines d’entre elles provoquent un enchaînement de pensées et d’émotions reliées aux mémoires et aux blocages ; ceux qui sont problématiques ou qui impliquent un plaisir extraordinaire. Les expériences qui restent coincées et forment des blocages sont celles auxquelles nous nous accrochons. Par exemple, dans votre travail, vous accomplissez des tâches routinières avec familiarité. Parfois, quelque chose d’inhabituel se produit comme par exemple un problème que vous n’avez jamais essayé de résoudre auparavant. Après avoir tenté de trouver une solution, vous échouez et vous demandez conseil auprès de quelqu’un d’autre, votre patron, par exemple. Il vous répond « je suis trop occupé ». Plus tard dans la journée et la soirée, vous repensez à sa réaction et vous ressentez de la frustration et des doutes quant à vos compétences. Vous mettez ce problème de côté. Six mois plus tard, un nouveau problème survient. Lorsque vous pensez à demander l’aide de votre patron, encore une fois vous y pensez, mais vous décidez de ne pas le faire, car vous vous remémorez ce que vous avez ressenti lorsque vous l’avez fait la dernière fois. Par la suite, vous évitez de solliciter son assistance lorsque vous avez des problèmes non résolus. Des sentiments de rancœur à l’égard de votre patron s’accroissent. Des sentiments de frustration augmentent. Des doutes quant à votre propre compétence grandissent.

S’accrocher veut dire : « Je ne veux pas que celui-ci s’en aille. » Ce qui s’est produit était si plaisant, je me suis sentie si bien que je ne veux pas que cela me quitte. Par exemple, vous apprenez que vous aurez une promotion et une importante augmentation de salaire. Vous rêvez que votre vie s’améliorera par la suite. Vous construisez des châteaux en Espagne. Ou bien il peut s’agir d’une inquiétude à savoir si vous investissez temps, argent et énergie dans un projet et que vous perdez votre investissement. Alors vous continuez à vous inquiéter. Paradoxalement, vous vous accrochez à ce qui cause la souffrance incluant les sentiments de colère, de tristesse ou de rancœur croyant bêtement que si vous demeurez avec ces sentiments assez longtemps ils se transformeront en une forme de bonheur. Vous leur permettez de demeurer en vous et ainsi renforcer les blocages du passé plutôt que de faire un petit effort délibéré et immédiat pour « lâcher prise ».

Les blocages sont une accumulation d’énergie autour d’expériences non résolues. Ils peuvent se manifester sous forme d’inquiétudes ou de peurs à propos des choses envers lesquelles nous sommes hostiles, de ce que nous trouvons difficile voir même douloureux et sous forme de fantasmes à propos de désirs et d’attachements que nous considérons comme plaisants. Ils sont un sous-produit de la perspective égoïste qui dit « je suis le corps », « je suis mes mémoires » et « je suis mes émotions et sentiments ». Cela reflète la confusion du mental créée par l’égoïsme, c’est-à-dire que le bonheur ou le malheur se trouve « à l’extérieur » dans les choses auxquelles nous sommes attachées ou que nous avons en aversion. Le fleuve de la vie amène des millions d’expériences pour chacun de nous, mais l’égoïsme, l’habitude de s’identifier à ce que nous ne sommes pas, contracte la conscience autour de certaines d’entre elles et s’y agrippe. Nous préférons nous y accrocher plutôt que de les laisser passer avec tout le reste sur le chemin vers l’océan infini de notre Être.

Au fur et à mesure que nous avançons dans la vie, nous construisons des milliers de blocages. À un certain niveau de leur développement, ils fusionnent pour former des samskaras ou habitudes, qui ensuite contrôlent notre comportement et forment notre karma. Par conséquent, nos énergies bougent de façon assez prévisible en cherchant les mêmes objets de désir, évitant les mêmes limites qui nous conduisent à l’extérieur de notre « zone de confort », réagissant émotivement aux situations plutôt que consciemment.

La pratique du yoga est avant tout un processus qui élimine ces blocages. Dans ce processus de purification, l’on commence à les remarquer durant la méditation et, par la suite, en les notant dans son journal de méditation. Le fait d’enregistrer ses méditations dans un journal offre la possibilité de transformer une expérience subjective comme « je m’inquiète à propos de X » en une expérience objective, lorsque mis sur papier et observé de la perspective de notre vrai Soi, le Témoin. L’élimination de ces blocages se produit en temps réel lorsque l’on fait l’effort de « lâcher prise » sur eux et de cesser de s’inquiéter, de fantasmer, d’y demeurer et de les « transmettre ». C’est un processus de chaque instant qui demande du discernement et de l’effort. Le discernement est l’action de reconnaître ce qui est permanent de ce qui est impermanent, ce qui est source de joie de ce qui est source de souffrance. C’est l’ego qui pense « j’ai », « j’ai besoin », « je veux » ou « j’ai peur ». C’est notre âme, le Témoin intérieur, qui est dans un état continuel de joie inconditionnelle. Elle n’a pas de préférence. Elle ne manque de rien.

Ce processus n’exclut pas l’effort que nous devons faire pour changer les choses « à l’extérieur » lorsque des événements se produisent. Lorsqu’une action est requise, l’on s’occupe des situations et des problèmes habilement. Le yoga est l’habileté en action. L’on recherche le conseil intuitif. L’on agit consciemment, sans préférences de l’ego. L’on parle seulement après réflexion, de ce qui est nécessaire, de ce qui aide. C’est un chemin de purification, de « travail sur nous-mêmes », où l’on s’occupe des tendances (vasanas) qui contraignent notre mental à s’inquiéter ou à fantasmer même après que l’on se soit occupé des événements et de leurs problèmes. L’ego fait l’erreur de chercher le bonheur en s’imaginant ce qui devrait se passer « à l’extérieur ». Lorsque la vie ne nous offre pas cela, l’ego fait de gros efforts pour changer ce qui est « à l’extérieur » jusqu’à ce que cela fonctionne ou qu’il s’abandonne à la frustration et la dépression. À l’opposé, le yogi réalise que l’on peut choisir de ne pas s’accrocher aux sources habituelles de plaisirs ou d’inquiétudes. Le yogi garde son attention à l’intérieur sur les mouvements du mental et du corps vital, les désirs et les émotions, les préférences et les aversions et il choisit de « lâcher prise » sur eux. Le yogi cherche le moyen de rester calme, « équanime », comme le Témoin. Ce faisant, le yogi trouve une joie immense dans le moment présent. La réalisation du Soi est le moyen et l’objectif du yogi. Face aux évènements, on est « calmement actif et activement calme ». L’on accomplit notre devoir en tant que karma yogi, détaché des résultats, en reconnaissant que « l’on n’est pas celui qui fait ». On est l’observateur tourné vers et abandonné au Seigneur, qui fait tout par l’entremise de Shakti, Mère Nature et la nature humaine.

La pratique régulière de la première technique apprise dans le Kriya Yoga de Babaji est le moyen principal de faire le ménage de nos vasanas. C’est la méthode recommandée par Patanjali qui implique vairagya ou le perfectionnement du détachement.

Le flot d’énergie et le chakra du cœur

Toutes expériences provoquent un mouvement d’énergie en nous. Nos centres énergétiques, les chakras, leur répondent. Lorsqu’ils sont ouverts, les expériences circulent en nous et notre conscience se déplace vers une vibration supérieure où la joie, l’amour, la beauté et la vérité sont réalisés. Là où nous pouvons vraiment être nous-mêmes. Lorsque les chakras sont fermés, notre conscience se contracte autour de l’expérience et nous restons pris dans les dualités de la vie : avoir et perdre, bonheur et tristesse, renommé et honte. Le plus important des chakras est appelé anahata, ou région du cœur, au milieu de la poitrine. Remarquez ce que vous ressentez dans cette région lorsque vous ressentez l’amour, la force, l’inspiration, la confiance. Et ce que vous ressentez lorsque vous êtes blessé, découragé ou faible. Il peut s’ouvrir et se fermer très rapidement. Lorsqu’il le fait, le flot d’énergie change et les émotions dans votre corps vital changent aussi. Vous pouvez éprouver beaucoup d’amour pour votre partenaire, mais s’il dit quelque chose de blessant, votre cœur se ferme. Pourquoi ? C’est à cause des vasanas (tendances) non résolus décrits plus haut. Les schémas énergétiques associés aux expériences de vos cinq sens entrent en vous et sont bloqués par les schémas énergétiques non résolus de votre passé. Cela est peut-être la énième fois que votre partenaire « appuie sur vos boutons ». Il sait où ils sont et vous réagissez. Vous n’avez pas éliminé ce « bouton ».

Que se passerait-il si rien de votre passé n’était entreposé en vous ? Que se passerait-il si vous étiez comme le sage Ramana Maharshi qui a répondu lorsqu’on lui a demandé de décrire l’illumination : « Maintenant, plus rien ne peut me déranger » ? Ce serait comme marcher dans la rue tout en observant le paysage. Tout ce que vous expérimentez passe au travers de vous, laissant une impression momentanée sans laisser de traces sur l’être conscient que vous êtes. C’est la façon optimum pour votre nature de fonctionner, qui vous permet de vivre dans le moment présent dans l’amour, l’expansion, l’apprentissage et la croissance.

Alors vous avez un choix à faire : vous pouvez essayer de changer ce qui est « à l’extérieur » afin que vos blocages ne soient pas dérangés et que personne « n’appuie sur vos boutons » ou vous pouvez devenir un yogi sage et passer au travers de ce processus de purification. Plutôt que d’agir et prendre des décisions basées sur les blocages qui ont été dérangés, trouvez votre centre et observez tout simplement les mouvements du mental et du vital s’élever et descendre. Prenez place au plus profond de vous-même et laissez-les se dissoudre dans l’océan de votre être. Aspirez à l’état d’être le plus élevé que vous puissiez imaginer et concentrez-vous dessus. Votre cœur s’ouvrira et ce que vous n’êtes pas se dissoudra.

(NDLR : cet article est un extrait du livre de l'auteur, "L'illumination, ce n'est pas ce que vous pensez !", publié par Editions du Kriya Yoga de Babaji. Vous pouvez vous le procurer sur le site www.babajiskriyayoga.net)


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