Claude Maréchal nous parle de Krishnamacharya, son fils Déshikachar et Ménaka

Elizabeth Vendredi mars 25, 2016

Ce message est adressé à un grand nombre de personnes d’expression française, de France, Suisse, Belgique et Québec principalement.

À votre tour, merci de l’adresser à tout ceux qui, selon vous peuvent être concerné par son contenu

Claude Maréchal.


Madame, Monsieur, chers amis, amies et collègues,

En ce début d’année 2016, je prends la liberté de vous communiquer ces réflexions qui viennent du fond du cœur et que, je pense, nous pouvons partager.

Parmi tous ceux qui vont recevoir cette lettre, il y a sans doute d’anciens élèves ou amis que je n’ai peut-être plus vus depuis plusieurs dizaines d’années.

Le Professeur krishnamacharya l’Occident a reçu le yoga de l’Inde. Il s’est répandu dans tous les continents de notre planète, principalement grâce à la vie et à l’enseignement du professeur krishnamacharya.

Krishnamacharya était né en 1888 et il est décédé en 1989 . Je me trouvais à Madras le jour de sa mort, j’ai pu me recueillir pendant un moment devant ce grand maître centenaire. J’en ai gardé un souvenir plein d’émotion et de gratitude.

Krishnamacharya était un grand dévot, sage et érudit. Il avait des connaissances considérables dans toutes sortes de domaines mais c’est avant tout par le yoga qu’il est connu dans le monde. Il avait étudié, pratiqué et approfondi tous les aspects du yoga pendant près de huit ans au mont kailash auprès d’un maître de grande renommée Shri Ramamohan brahmâcâri.

Ce qui est moins bien connu en Occident , c’est que Krishnamacharya , à la suite de sa période d’étude au mont kailash, a joué à partir des années 1930 un rôle tout à fait majeur en redonnant au yoga et à

sa pratique un élan, une crédibilité, à une époque où celui-ci commençait à être de moins en moins pratiqué et apprécié en Inde .

TKV Déshikachar un incident marquant de sa vie

Il est le deuxième fils des six enfants de krishnamacharya, trois filles et trois garçons. Déshikachar est né le 21 juin 1938 et, comme ses frères et sœurs, il a reçu de son père dès son enfance des enseignements du yoga qui convenait à cet âge de la vie.

Par la suite il a fait des études d’ingénieur dans le nord de l’Inde. Ce fut une période avec moins de pratique du yoga et également un certain recul par rapport à la vie remplie de piété de son père.

Tout au début des années 60, à l’occasion d’un congé, il était à Madras auprès de ses parents et il a assisté à une scène assez particulière. Devant lui, une dame étrangère s’est jetée au pied du maître en lui disant : « merci professeur, grâce à vous, à votre enseignement j’ai pu enfin dormir paisiblement toute la nuit ».

Cet incident fut pour Déshikachar une révélation . C’est à ce moment qu’il décida de ne plus s’engager dans une carrière d’ingénieur mais de redevenir l’élève de son père et, par la suite, d’enseigner lui aussi le yoga. Et c’est ce qu’il fit.

Guru shishya param para père et fils

À partir de ce moment, une relation de maître à disciple s’est développé entre krishnamacharya et Déshikachar et s’est prolongée jusqu’à la mort du maître .

Voici un simple exemple de la qualité de cette relation. Il est arrivé à plusieurs reprises que je pose certaines questions à Déshikachar liées à l’enseignement qu’il me donnait. Certaines fois, il me répondait qu’il allait simplement adresser cette question à son père et que celui-ci lui donnerait la réponse correcte. Il y avait en Déshikachar une confiance absolue dans les immenses connaissances et le savoir-faire de son père .

C’est ainsi que pendant les 30 dernières années de la vie du professeur krishnamacharya, Déshikachar, chaque jour a reçu un enseignement de son père. Ce fut une période importante par rapport à la diffusion du yoga dans le monde. En effet, pendant ce dernier quart de siècle, un grand nombre de personnes sont venues de tous les coins du monde auprès de Déshikachar pour recevoir son enseignement.

C’est également pendant cette période que le professeur krishnamacharya a précisé un très grand nombre de principes concernant la pratique du yoga , et particulièrement à propos du rôle que cette discipline allait jouer non seulement en Inde mais également partout ailleurs sur la planète Terre, ceci quelque soit les cultures, croyances ou obédiences de chacun.

Un jour un astrologue

Il y a un peu plus de 40 ans , Déshikachar m’a fait la réflexion suivante : « un ami astrologue m’a dit que, avant la fin de ma vie, je perdrais la tête ». Déshikachar était doué d’une intelligence subtile, rapide et possédait un remarquable sens de la communication. Cette réflexion de l’astrologue, il me

l’avait faite sur le ton d’une simple anecdote. L’astrologue avait cependant bien dit cela et, comme on le sait, cet accident est arrivé.

J’ai entendu la voix de mon père.

Deux ans après la mort de krishnamacharya, Déshikachar a fait un pèlerinage au mont kailash . Chaque matin il célébrait un rituel à l’endroit précis où son père avait vécu et étudié. Un jour, pendant son rituel, il entendit clairement , venant d’en haut, la voix de son père qui lui disait : « retire-toi ».

Lorsque Déshikachar m’a raconté cela, il m’a dit très simplement qu’il n’avait pas très bien compris pourquoi son père lui disait de se retirer. Et pourtant , c’est bien cela qui est arrivé.

Un accident .

Il y a de cela une dizaine d’années maintenant, Déshikachar a subit une intervention chirurgicale bénigne mais qui a impliqué une anesthésie. Dans le langage médical habituel cette anesthésie a « mal tournée ».

Par la suite, Déshikachar a développé un problème de santé du type Alzheimer dans lequel il est actuellement complètement plongé. Il y a plusieurs années qu’il a cessé d’enseigner et est devenu tout à fait dépendant, ce qui, quelque part, est l’opposé de ce qu’il était.

Comment interpréter

Les enseignants et étudiants en yoga que nous sommes, avons appris que il y a dans la profondeur du cœur de chacun la présence du Seigneur de l’univers, le but de la démarche du yoga étant de découvrir cette présence et grâce à cela de réaliser notre Vraie Nature .

À côté de cette dimension spirituelle, il y a trois fonctions qui appartiennent à la nature changeante et donc également à la vie psychologique : Une intelligence profonde, un sens d’appropriation qui est notre ego et une troisième fonction extérieure qui gère la vie psycho sensorielle et les mécanismes de la pensée.

La fonction psycho sensorielle de mon professeur est fortement endommagée et son ego a disparu. Il est maintenant rendu au plus profond de lui-même très proche du Seigneur . On peut dire que son intelligence profonde est maintenant remplie de lumière mais personne ne peut voir cette lumière .

 

Hommage à Madame Ménaka Déshikachar

Pendant mes séjours à Madras, j’ai eu l’occasion d’apprécier la personnalité de Ménaka, son épouse .

Cette personne d’une grande simplicité et bon sens a joué son rôle d’épouse et de mère à la perfection, elle est également enseignante de yoga.

Ce que Ménaka Déshikachar vit en ce moment est une déchirante épreuve. Son mari était un enseignant brillant, reconnu et respecté dans le monde entier. Son apparence extérieure ne laisse plus rien apparaître de ce qu’il a été.

Ménaka possède également un immense courage. Il est nécessaire qu’il en soit ainsi pour faire face aux nombreuses difficultés de sa vie actuelle.

Je voudrais terminer ce message en vous demandant que, dans votre méditation, dans votre prière, vous gardiez une place pour Ménaka. Il faut l’aider, elle le mérite vraiment.

Merci de le faire.

Claude Maréchal


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